Plus qu'un personnage, il est l'incarnation de la menace païenne. C'est une figure mythique:
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Le vieil émir, qui est plus vieux qu'Hérode, Dans l'histoire Baligant n'a pas de réalité historique. Souverain de 40 royaumes,
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L'émir est loin encore, il a tant tardé. il est escorté dans son expédition par dix-sept rois. Le mirage oriental, le renom des richesses fabuleuses des Fatimites, auxquels le poète attribue même, par erreur, l'ancien domaine tout entier des Abassides jusqu'à l'Iran, l'ont amené à donner à cet auxiliaire de Marsile le rôle de chef suprême du monde musulman.[2] Dans la Chanson Baligant est le pendant sarrasin de Charlemagne : mêmes cheveux blancs, même prestance, même vaillance. Il n'a ni la ruse, ni la déloyauté de Marsile. Il serait un parfait roi chrétien... si justement il était chrétien. Être païen le place définitivement du côté du tort face au droit représenté par Charlemagne. Si Charlemagne est le type même du roi féodal, Baligant se veut le maître absolu. Il n'écoute aucun conseiller et prend ses décisions seul. Le personnage de l'amiral aide à comprendre comment l'épopée médiévale a construit ce monde. elle n'a pas cherché à représenter l'islam en tant que tel : il lui aurait fallu pour cela un sens moderne de la relativité en matière de croyances. Dès lors que l'on pense de l'intérieur d'un absolu religieux, il ne peut exister que le vrai et le faux, Dieu et le diable, le droit et le tort. Hors de cet absolu, il n'y a que l'erreur, et peu importe quelles formes elle prend.[3] Le duel final opposant Charlemagne à Baligant est le triomphe du droit.
1.
Ian SHORT, La Chanson de Roland, Lettres gothiques,1990
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