Les faits historiques
Au Nord des Pyrénées
778 :
Les Annales royales mentionnent une expédition victorieuse de
Charlemagne en Espagne.
Environ 798 : Une nouvelle rédaction ajoute dans ces mêmes Annales qu'au
retour d'Espagne de nombreux chefs francs ont succombés dans une
embuscade tendue par les Basques. aucune victime n'est citée.
Environ
830 : Eginghard dans la
Vita Caroli note : " l'empereur
éprouva la perfidie des Basques " dans la traversée des Pyrénées. Il
nomme les victimes du guet-apens : le sénéchal Eggihard, Anselme,
comte du Palais et
Roland,
duc de la Marche de Bretagne.
L'épitaphe en vers latins du sénéchal Eggihard nous donne la
date exacte
de la bataille : 15 août 778.
Environ 840 : La
Vita Hludovic Imperatoris, dont l'auteur anonyme
est surnommé L'Astronome limousin, évoque l'évènement sans toutefois
donner le nom des victimes prétextant qu'elles sont assez connues...
Au Sud des Pyrénées
Les historiens arabes donnent
une version des événements sensiblement différente :
1070 : La chronique espagnole de San Millan apporte une pierre
essentielle à l'histoire :
En l'ère 816
(l'ère espagnole commence en 38 av. J.-C.),
Charles
vint à Saragosse, accompagné de douze gardingi (gardes personnels du
roi), chacun entouré de trois mille cavaliers armés. Voici les noms
de certains d'entre eux : Rodland, Bertland, Oggero, Spatacurta,
Ghigelmo, Alcorbituna,, Olibero et le seigneur évêque Turpin. Chacun
d'eux, entouré de ses vassaux, assurait pendant un mois la garde
quprès du roi. Il arriva que le roi et ses armées se fussent arrêtés
devant Saragosse. Au bout de quelques temps, les siens lui
conseillèrent d'accepter de nombreux dons de peur que l'armée ne
périsse de faim, puis de rentrer chez lui. Ce qui fut décidé. Il
plut ensuite au roi de placer Rodland, combattant vigoureux, à
l'arrière-garde afin de protéger les guerriers de l'armée. Mais
comme l'armée passait au col de Cize, Rodland fut tué par les
Sarrasins, à Roncevaux.[1]
XIIIe
siècle Ibn-Al-Arabi écrit que Charlemagne était venu en Espagne à la
demande du gouverneur de Saragosse Sulayman ben Al-Arabi, en révolte
contre le calife oméyade de Cordoue. Arrivé devant la ville,
Sulayman refusa d'ouvrir les portes à l'empereur. Ce revirement
inattendu ne plut certainement pas à Charlemagne qui s'empara du
gouverneur et repartit en France avec son prisonnier. C'est à
Roncevaux que les fils de Sulayman attaquèrent les Francs, avec
l'aide des Basques, et délivrèrent leur père.
Qui faut-il croire ? La
version du nord ou celle du sud ? Selon Michel Zink, il est probable
que les Annales officielles auraient tenté de passer sous silence un
défaite peu glorieuse. Mais elle était si connue et avait tant
marqué les esprits qu'il était devenu impossible de ne pas la
mentionner tout en en minimisant l'importance. En effet, que
faisaient au milieu des bagages des personnages aussi considérables
qu'un sénéchal et un comte du Palais ?
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1.
Cartulario de San Millàn de la Cogolla.
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