L'évolution de la légende Le manuscrit d'Oxford Des faits historiques précédemment cités sont nés plusieurs manuscrits, certains très fragmentaires, en langue française. Le plus ancien d'entre eux est conservé à la bibliothèque bodléienne d'Oxford en Grande-Bretagne. Il a été recopié entre 1140 et 1170 en anglo-normand, langue de la classe dirigeante d'Angleterre. C'est le manuscrit le plus respecté et celui sur lequel se basent la plupart des traductions. Diverses interprétations Deux écoles se sont longuement affrontées : La théorie traditionaliste
qui favorise le genre oral et populaire et affirme que la Chanson
de Roland dérive de poèmes datant de
l'époque carolingienne. La théorie individualiste
qui estime que la Chanson de Roland a
été rédigée au XIe siècle par un unique poète. Ces partis pris tranchés n'ont finalement plus parus satisfaisants et une autre théorie a vu le jour : Le néo-traditionalisme qui s'oppose à Bédier et propose l'existence d'une tradition ancienne modifiée et enrichie durant toute l'époque qui a précédé la copie du manuscrit d'Oxford. [3] Depuis les années 60, les recherches se sont plus intéressées à la forme qu'à l'origine de l'oeuvre : Jongleurs et performances Le néo-traditionaliste Jean Rychner propose l'hypothèse d'une création improvisée par des jongleurs. Ceci implique évidemment l'existence d'une légende préalable bien établie et envoie aux oubliettes le concept de l'auteur unique. Comment, dans ce cas expliquer l'existence de versions écrites ? Selon cette théorie, ce serait la simple transposition de la performance orale, une sorte d'aide-mémoire à l'usage du jongleur. [4] Hagiographie Quelques chercheurs pensent que les chansons de geste sont apparentées aux textes consacrés à la vie des saints et ont une origine cléricale. Le style de la première version de la Vie de saint Alexis, qui a été composée vers 1050, présente des caractères tout à fait voisins de ceux de la Chanson de Roland. [5] Épopée latine Certains auteurs ont tenté d'établir une rapport entre la chanson de geste et l'Enéide de Virgile. Cette théorie est fondée sur des rapprochements trop ponctuels pour faire l'unanimité. Elle vise surtout à trouver le chaînon manquant entre les événements de l'époque carolingienne et les textes qui nous sont parvenus.[6] Mythes indo-européens Dans les années 80 et dans la lignée des travaux de G. Dumézil, Joël Grisward a fait un rapport entre la structure de la forme épique et la structure trifonctionnelle de l'idéologie indo-européenne : fonction magico-religieuse et juridique, fonction guerrière et fonction en relation avec la richesse et la volupté. Dans ce cas de figure, l'histoire et les évènements ne seraient qu'un prétexte, une sorte de déguisement du mythe pour l'adapter à un public donné. [7] Mise en situation
Les chansons s'adressaient au public du XIe ou du XIIe siècle et on
ne peut pas faire abstraction de leur actualité. Or ce public était
en grande majorité analphabète et ne pouvait accéder à la poésie que
par voie orale. Les poèmes épiques se déclamaient avec un
accompagnement musical et devant un auditoire. Parallèlement à ces
performances, la conservation de centaines de manuscrits médiévaux
prouvent qu'il s'était établi une mise en écrit du poème épique et
celle-ci de la fin du XIIe siècle jusqu'au XVe siècle.
1.
PARIS G. Histoire
poétique de Charlemagne, Paris, Emile Bouillon, 1974
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